Une prière pour Owen
Livre
Par John Irving
au XXe siècle
C’est l’histoire de deux enfants habitant une petite ville chrétienne des États-Unis dans les années 1950s. John Wheelright, maintenant adulte, se remémore son enfance et raconte sous la forme d’une confession les événements qui l’ont conduit à s’exiler au Canada sur fond de guerre du Vietnam. C’est aussi l’occasion pour lui de se remémorer son meilleur ami, Owen Meany, un enfant atypique que sa foi teinte de mystère.
Type: Roman d'apprentissage
Univers: Contemporain
Caractéristiques
Globales | |
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Date de parution | 1989 |
Format | Roman complet |
Titre original | A Prayer for Owen Meany |
Edition présentée |
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Présentation
L’histoire
C’est John Wheelright, un professeur de littérature américain, qui va narrer son histoire. Le roman débute en 1987, John est adulte et vit au Canada après avoir quitté les États-Unis il y a des années. Très vite, le narrateur va se remémorer son passé et transporter le lecteur au moment de son enfance dans une petite ville américaine de l’état du New Hampshire.
John habite alors avec sa mère, Tabitha Wheelwright, dans la maison de sa grand-mère. Il évolue dans un cadre stable et vit une enfance heureuse. Il se remémore sa rencontre avec cet étrange enfant qui deviendra son meilleur ami, Owen Meany. Owen est un enfant chétif qui a pour particularité une voie unique, très aigu, qui perturbe toute personne qui l’entend pour la première fois.
Mais la véritable particularité d’Owen, c’est son rapport à la religion chrétienne. Il en a la conviction, il est l’instrument de Dieu, et doit accomplir son dessein. Mais en 1987 au moment où John raconte son récit, Owen a disparu et c’est la raison pour laquelle John va partager ses souvenirs, afin que le lecteur puisse comprendre ce qui est arrivé à Owen Meany.
Le narrateur racontera ainsi les péripéties de son enfance au côté d’Owen, ses visites annuelles chez ses cousins, ses premiers pas dans le théâtre amateur, ses premiers amours mais aussi les drames auxquels il sera confronté et qui contribueront au mystère qui entoure Owen.
Puis, sur fond de début de la guerre américaine au Vietnam, les deux amis rentreront à l’institut de Gravesend, établissement réputé où ils recevront une éducation prestigieuse et où Owen se distinguera par son intelligence et sa singularité. A la fin de leur scolarité, ils se retrouveront ainsi confrontés à l’enrôlement pour la guerre et devront choisir quelle voie emprunter.
Le fil conducteur de l’histoire est la vie de John et Owen. L’histoire se concentrera sur ces deux héros bien différents que l’on verra interagir avec un ensemble de personnage liés à la famille de John ou bien à la communauté de Gravesend.
Et cette enfance d’apparence innocente conduira ces jeunes gens sur le chemin de la guerre et à s’interroger sur la place de la religion dans leur vie.
Le style
Le style de John Irving est travaillé, les situations et les environnements sont détaillés avec soin. La lecture se fait de manière fluide bien qu’il faille faire attention aux signes et révélations distillés innocemment par l’auteur au fil des pages. L’intrigue se construit de manière subtile et révélera ses secrets dans la dernière partie du livre. Mais cela se traduit par un récit au rythme lent.
L’auteur prend le temps pour décrire les étapes de la vie des personnages. L’action est peu présente si ce n’est quelques moments de fulgurance, souvent amorcés par un drame.
Le récit alterne entre deux phases. Dans la première, le narrateur narre sa situation actuelle au Canada, une partie mineure du texte. Dans la seconde, il décrit son enfance au côté d’Owen et c’est la majeure partie du récit. La phase dans la période présente permet à l’auteur de renforcer le mystère sur Owen et au narrateur d’apporter des commentaires sur son passé.
Pour la phase du passé, le récit suit l’ordre chronologique des événements et les années de l’enfance des héros, que l’auteur aide à situer grave aux évènements marquants de cette époque tel l’assassinat du président Kennedy.
Enfin, comme souvent avec Irving, de fréquentes références à la littérature américaine parsèment le texte avec de nombreuses suggestions d’auteurs ou de récits qui pourront inciter le lecteur à découvrir des œuvres de la littérature américaine.
Ce que l’auteur met en avant dans son écriture, c’est la relation d’amitié entre Owen et John, qui a traversé les années et continue même après la disparition d’Owen. Et bien que John soit le narrateur et un personnage majeur, le cœur de l’histoire, c’est bien Owen Meany. De par sa banalité, John sublime l’incongruité d’Owen.
L’univers
Le récit se déroule principalement en Nouvelle Angleterre dans la ville de Gravesend au XXe siècle et commence quelques années avant le début de la guerre au Vietnam dans les années 1950s. Les phases du présent, elles, se déroulent au Canada anglophone où John raconte ses difficultés d’intégration, notamment dû à son attachement à l’actualité américaine.
L’histoire se déroule dans le monde réel dont l’auteur utilise des événements pour faire évoluer ses personnages et décrit à quoi était confrontée la jeunesse du pays lorsque la guerre du Vietnam s’est intensifiée. Notamment en abordant le risque de mobilisation et les courants de pensée liées à la guerre.
Cette menace de la guerre, son impact sur la société et sur la génération sacrifiée est l’un des thèmes de ce roman et permet au lecteur de découvrir cette partie de l’histoire qui a marqué les États-Unis. On découvre par exemple en quoi consiste le processus de rapatriement des corps des soldats tombés au combat ou encore les raisons qui permettaient d’être réformé.
L’auteur est particulièrement critique de cette époque et offre la possibilité de voir la guerre du point de vue d’une partie de la population américaine.
Un autre des thèmes majeurs de ce récit est la foi, la foi chrétienne dans ce cas. L’auteur va décrire certains courants chrétiens et leurs pratiques pour les épiscopaliens, les congrégationalistes ou encore les catholiques. Mais surtout, principalement avec le personnage d’Owen, les conséquences de la foi sur les individus et leur rapport à Dieu. Ce sujet est l’élément que l’auteur utilise pour développer son intrigue autour du mystère entourant Owen et sa conviction d’être l’instrument de Dieu.
Conclusion
C’est une histoire qui cultive un mystère de manière innocente, au travers des péripéties de la vie de John et Owen. Et l’auteur a choisi de la raconter sur un rythme lent qui dévoilera ses enjeux dans la dernière partie du roman. La première moitié du roman sert donc à poser le cadre mais sa longueur risquera de fatiguer certains lecteurs. Puis, dans la dernière partie, les pièces du puzzle s’assemblent et récompensent le lecteur persévérant. On le recommande donc, mais il ne faut pas être effrayé par la monotonie. Le lecteur sera accueilli par une fin réussie qui le laissera avec un sentiment particulier une fois la dernière phrase achevée.